ERC Advanced Grants - Trois chercheurs lauréats

- ERC Advanced Grants - Trois chercheurs lauréats

Image illustrant cette actualité

Le Conseil européen de la recherche (ERC) vient de publier la liste des lauréats des "Advanced grants" (chercheur expérimenté) pour l’appel à propositions 2014, dans laquelle figurent trois directeurs de recherche du CNRS de Midi-Pyrénées. Michel Loreau (Station d’écologie expérimentale du CNRS à Moulis), Jean-Bernard Lasserre (Laboratoire d’analyse et d’architecture des systèmes – LAAS-CNRS) et Bruno Jullien (Groupe de recherche en économie mathématique et quantitative – GREMAQ) pourront, grâce à ces bourses, mener des projets novateurs à haut risque ouvrant de nouvelles voies dans leur discipline.

 

Projet « BIOSTASES » : Biodiversité, stabilité et viabilité dans les systèmes écologiques et sociaux spatialisés

 

La perte de biodiversité est l’un des plus grands défis environnementaux de notre époque. En effet, un grand nombre de preuves montre que la biodiversité favorise la stabilité d’un écosystème. Ainsi, face aux changements climatiques, la biodiversité représente un élément-clé de la viabilité des écosystèmes et des sociétés humaines. Pourtant, la théorie écologique classique se concentre sur des mesures qui ne peuvent expliquer et prédire ces effets de stabilisation, particulièrement dans les systèmes distribués dans l’espace.

 

BIOSTASES propose un programme de recherche ambitieux et novateur qui offrira de nouvelles perspectives sur le fonctionnement, la stabilité et la viabilité des systèmes écologiques et sociaux-écologiques face aux changements environnementaux. Différents modèles et théories permettront d’élaborer des signaux avant-coureurs des changements critiques, de prédire la stabilité des écosystèmes et les relations entre diversité et stabilité à différentes échelles, d’apporter de nouvelles perspectives sur la stabilité des réseaux trophiques et d’étudier la dynamique et la viabilité à long terme des systèmes sociaux-écologiques couplés. Ce projet contribuera à faire le lien entre l’écologie théorique et l’écologie empirique, mais aussi entre l’écologie et les sciences sociales. BIOSTASES s’attachera également à élaborer les fondements de nouvelles approches de la conservation de la biodiversité, de la gestion du paysage et du développement durable.

 

 

Michel Loreau

Après avoir obtenu un doctorat en sciences à l’Université Libre de Bruxelles (Belgique), Michel Loreau a été Chargé de recherches du Fonds National de la Recherche Scientifique (Belgique), Maître de Conférences à l’Université Libre de Bruxelles puis Chargé de mission aux Services de Programmation de la Politique Scientifique (Belgique). Il intégra l'Université Pierre et Marie Curie (Paris, France) en tant que Professeur avant d’occuper une Chaire de Recherche du Canada en Ecologie Théorique à l'Université McGill (Montréal, Canada). Michel Loreau est actuellement Directeur de recherche au CNRS et dirige le Centre de théorie et modélisation de la biodiversité à la Station d’écologie expérimentale du CNRS à Moulis (France). Son principal thème de recherche au cours des vingt dernières années a été le rapport entre biodiversité et fonctionnement des écosystèmes et les conséquences écologiques et sociétales de l’érosion de la biodiversité.

 

Il a, pour ses travaux, été lauréat de nombreux prix scientifiques, dont la Médaille d’argent du CNRS en 2004, le Prix de l’International Ecology Institute en 2002, le Per Brinck Oikos Award en 2011 et les Prix Agathon De Potter (1991) et Max Poll (1993) de l'Académie Royale de Belgique.

 

 

Projet « TAMING » : Domestiquer la non-convexité ?

 

Le projet TAMING a pour ambition de fournir une méthodologie systématique pour la résolution des problèmes d’optimisation décrits par des polynômes (ou des fonctions semi-algébriques) que l’on retrouve dans pratiquement tous les domaines et applications des sciences (exemples). Outre l’utilisation théorique en complexité algorithmique, calcul et information quantiques, cette méthodologie est déjà utilisée dans de nombreuses applications (optimisation, contrôle, vision par ordinateur, etc.). Plus récemment, elle semble devenir également une méthode de choix prometteuse pour l’optimisation des réseaux d’énergie de grande taille.

 

Cependant, de par son coût de calcul important dans sa forme actuelle, cette méthodologie est limitée à la résolution de problèmes de taille relativement modeste. C’est donc le défi posé par ce verrou scientifique qui, en plus de la validation de l’application de cette nouvelle méthodologie à de nouveaux domaines, est au cœur du projet TAMING.

 

 

Jean-Bernard Lasserre

Jean-Bernard Lasserre est diplômé de l’Ecole nationale supérieure d'informatique et mathématiques appliquées de Grenoble. Il a obtenu sa thèse de docteur-ingénieur en 1978 et son doctorat d'Etat en 1984 à l’Université Toulouse III - Paul Sabatier. Avec le soutien d’une bourse de l’INRIA en 1978 et de la National Science Foundation américaine en 1985, il a fait deux séjours d’un an au département de génie électrique de l’Université de Californie à Berkeley. Il est aujourd’hui Directeur de recherche de classe exceptionnelle du CNRS au LAAS-CNRS, le même laboratoire où il effectua sa thèse. Membre associé de l’Institut de mathématique de Toulouse (IMT) et SIAM Fellow de la Society for Industrial and Applied Mathematics (SIAM), Jean-Bernard Lasserre reçoit en 2009 le prix Lagrange en optimisation pour sa contribution originale en mathématiques appliquées dans le domaine de l’optimisation.

 

Après avoir commencé sa carrière sur des problèmes de gestion de production (planification et ordonnancement de la production), il a ensuite poursuivi certains travaux en recherche opérationnelle, mathématiques appliquées et probabilité. Plus récemment il s’est intéressé à l’utilisation de résultats de géométrie algébrique pour la résolution du problème généralisé des moments  (PGM) et en particulier l’optimisation polynomiale. 

 

 

Projet « ISECO » : Services d’information : compétition et externalités

 

Le projet  ISECO vise à promouvoir la connaissance de l'économie des services d'information, en particulier sur Internet, en étudiant les interactions entre les agents impliqués dans la production et l'échange d'informations. La prévalence croissante des externalités* dans les services d'information peut actuellement être attribuée à trois caractéristiques:

  • La viabilité de nombreux services d’information dépend du nombre d’utilisateurs,
  • L'information est un bien public,
  • Les services d'information et les infrastructures physiques les supportant sont complémentaires.

 

Dans ce contexte, les externalités entre agents économiques jouent un rôle clé à explorer. Pour ce faire, le projet ISECO est organisé autour de quatre axes. Le premier vise à développer une théorie pertinente des services d’information. Le deuxième porte sur des questions spécifiques telles que les moteurs de recherche, la protection des données personnelles ou les coûts de transaction. Le troisième se concentre sur l'infrastructure, les prix du data et l’investissement. Enfin, le dernier axe porte sur les enjeux de politique de la concurrence.

 

* Externalité : situation économique dans laquelle l'action d'une personne ou d'une chose a une influence directe, positive ou négative, sur une autre sans que cette dernière n'ait un lien avec l'action d'origine.

 

 

Bruno Jullien

Diplômé de l'Ecole Polytechnique, de l'ENSAE, de l'EHESS, et titulaire d'un doctorat en économie de Harvard University en 1988, Bruno Jullien a commencé sa carrière en 1989 en tant que chercheur CNRS au Centre pour la recherche économique et ses applications (CEPREMAP) puis au Centre de recherche en économie et statistique (CREST). Il a rejoint le Groupe de recherche en économie mathématique et quantitative (GREMAQ – CNRS/Université de Toulouse 1 Capitole/INRA/EHESS) en 1996, qu’il a dirigé de 1997 à 2004. Il a ensuite été directeur adjoint de Toulouse School of Economics (TSE) de 2010 à 2011 avant d’en devenir le directeur scientifique en 2014. Ses centres d’intérêts couvrent la théorie microéconomique et l'organisation industrielle, en particulier dans le domaine de l'économie de réseaux et la politique de concurrence, ainsi que la réglementation des marchés, la théorie de l'assurance et la théorie des contrats.

 

Pour ses travaux, Bruno Jullien a reçu la Médaille de Bronze du CNRS en 1998 et fût nommé Officier des Palmes Académiques et Fellow de l’Econometric Society.

 

ERC Advanced Grant

Les financements "Advanced Grant" octroyés par le Conseil européen de la recherche (European Research Council - ERC) permettent à des chercheurs exceptionnels à la réputation établie, quels que soient leur nationalité et leur âge, de mener des projets novateurs à haut risque qui ouvrent de nouvelles voies dans leur discipline de spécialisation ou dans d’autres domaines. Ces subventions sont destinées aux scientifiques qui ont déjà fait leurs preuves en tant qu’éminents chercheurs indépendants.

 

Les bourses de Michel Loreau et de Jean-Bernard Lasserre sont hébergées au CNRS tandis que celle de Bruno Jullien est hébergée à la Toulouse School of Economics.

 

La France se situe en 3ème position avec 23 projets retenus sur les 260 candidatures évaluées, derrière le Royaume-Uni (45 lauréats) et l’Allemagne (29 lauréats).

CNRS Logo du CNRS
Le Conseil européen de la recherche (ERC) vient de publier la liste des lauréats des "Advanced grants" (cherch Image illustrant cette actualité